Micheline Fournier-Raiche, le goût des belles choses
Dès sa plus tendre enfance, Micheline Fournier-Raiche accompagne son père, Antonio, à la tannerie familiale où il lui explique avec intérêt les différentes étapes pour fabriquer le cuir. En effet, Eudore Fournier, un industriel prospère de Plessisville, lègue l’une de ses entreprises à son fils Antonio qui y travaillera avec ses fils. De cet apprentissage, elle retire le goût des belles choses – goût partagé par sa mère Marie-Anna Roux -, le travail de la matière et la persévérance.
Initiative avec un grand i
Micheline Fournier-Raiche est née en 1939 à Plessisville, un an avant que les femmes acquièrent le droit de vote au Québec. Elle est certes de son époque puisque tout au long de sa carrière, elle se démarque par son grand esprit d’initiative. Durant sa scolarité, elle se découvre un intérêt pour le dessin et la peinture. À l’âge de 20 ans, avec une impressionnante détermination, elle suit à Montréal une formation de 2 ans en décoration intérieure dans une école professionnelle privée américaine, Artec International Courses Ltd, aussi désignée sous le nom de Studio 5316.
Micheline Fournier-Raiche, ses premiers emplois formateurs
À sa sortie, Micheline travaille chez Hélène Savard-Paulin à Québec et occupe un poste semblable chez Décoration modèle à Trois-Rivières en 1962. Puis, elle rencontre celui qui allait devenir son mari, Raymond Raiche, designer d’intérieur. En 1965, Micheline et Raymond se marient et déménagent à Québec où elle est embauchée chez Mobilier international.
Entrepreneurs jusqu’aux dents
En 1967, les Raiche redéménagent à Trois-Rivières et y lancent la toute première entreprise en design d’intérieur, Raymond Raiche et associés. À cette époque, le grand public ne connaît pas cette profession. Micheline raconte : « Lorsque les gens faisaient des rénovations majeures, ils faisaient appel à des architectes. Le métier de designer était associé à la décoration. Les premières années, lorsque les plans d’aménagement leur étaient présentés, les clients avaient l’impression de payer très cher la feuille de papier. Ils ne voyaient pas la valeur ajoutée ».
Au cours des 32 années d’activité de leur entreprise, ce duo a servi des milliers de clients. Ils ont engagé de jeunes designers de talent, notamment Christiane Léveillé, France Beaudoin et Sylvie Toupin. Raymond les recrutait grâce à son deuxième emploi en tant que professeur au programme, autrefois appelé Technique en aménagement d’intérieurs, au Cégep de Trois-Rivières. Leur clientèle provenait de la Mauricie et du Centre-du-Québec et se divisait dans la proportion suivante : 60 % dans le secteur résidentiel et 40 % dans le secteur institutionnel ou commercial.
Ses plus grandes réalisations
Micheline se rappelle avec fierté le travail exécuté par Raiche et associés. Elle a même inspiré à sa fille Marlène de devenir designer d’intérieur – elle s’est éventuellement réorientée dans le film d’animation. Parmi ses plus grandes réalisations, elle mentionne l’aménagement intérieur de : l’Hôtel de ville de Cap-de-la-Madeleine (fusionnée à Trois-Rivières en 2002), des bureaux de Gaz Métropolitain (aujourd’hui Énergir), d’espaces communs à l’Hôpital Cloutier, des bureaux de l’Université du Québec à Trois-Rivières et de la mercerie pour hommes, Profil. Vers 1985, leur succès vient aux oreilles des dirigeants d’Ameublements Tanguay qui leur proposent d’ouvrir un service de consultation sur la rue des Récollets à Trois-Rivières. Cette offre attire des clients durant une dizaine d’années.
Une carrière n’attend pas l’autre
Après une carrière créative passionnante, les Raiche cessent de pratiquer en tant que designers d’intérieur en 1999. Alors que Raymond enseigne toujours au cégep, en 2001, Micheline devient courtière immobilière, nouveau métier qu’elle endosse durant 10 ans. Elle se remet également à la peinture.
Un travail d’équipe au service du client
Le succès de Raiche et associés est fondé sur le travail d’équipe, mais aussi sur une approche classique et contemporaine. « Nous suggérions des idées tout en respectant les exigences du client. Ma fierté repose sur notre grande capacité d’écoute, et sur cette synergie créée avec un client qui nous fait confiance et nous permet de faire des avancées qui perdurent malgré le temps qui passe. J’ai adoré ce métier ».
Raymond Raiche, précurseur en design à Trois-Rivières
En 1972, lors de la création du programme, autrefois appelé, Technique en aménagement d’intérieurs au Cégep de Trois-Rivières, Raymond Raiche se joint à l’équipe professorale. Diplômé de l’Institut des arts appliqués de Montréal, il a fait ses preuves sur le marché du travail à titre de designer d’intérieur et partage avec passion et beaucoup d’humour sa riche expérience du terrain. Durant plus de 25 ans, il enseigne le cours Études et projets aux étudiants en 3e année de formation. Au cours de sa carrière, il a participé à la formation de quelque 1 000 étudiants. Il prend sa retraite en 1999.
La Bourse Raymond-Raiche
À la suite de son décès en 2011, Daniel Bissonnette et Ginette Diamond, professeurs du programme Technique en design d’intérieur et anciens étudiants de M. Raiche créent la Bourse Raymond-Raiche pour lui rendre hommage à titre de précurseur dans son domaine dans la région de Trois-Rivières. Son approche basée sur l’architecture intérieure plutôt que sur la décoration a fait école. Depuis 2012, cette bourse est remise à un.e élève identifié.e comme étant la relève en design d’intérieur. Elle est financée grâce à la généreuse contribution de M. Bissonnette et Mme Diamond.
Remerciements
Merci à Marlène Raiche, fille de Micheline Fournier-Raiche, à Daniel Bissonnette, enseignant retraité du programme Technique de design d’intérieur et à Hélène Allard, coordonnatrice au programme Technique en design d’intérieur du Cégep de Trois-Rivières.
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