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Vladimir Subert


Vladimir Subert, premiers pas dans le design intérieur des commerces de détail

Vladimir Subert chez Colin Rae Associés,
Place d’Youville, 1969-1973

Vladimir Subert naît en 1937 en Slovaquie, anciennement une partie de la Tchécoslovaquie. Son enfance se déroule près de Prague dans la turbulence de la Seconde Guerre mondiale et des conflits politiques. Contraint par le régime communiste, l’adolescent de 15 ans devient tourneur sur métal de pièces de moteur d’avion à l’usine Motorlet, aujourd’hui GE Aviation.

UN DESSIN CHANGE SON PARCOURS

Vers 1950, Vladimir participe à un concours de dessin organisé pour les jeunes travaillant dans les usines de l’État, sous le patronage du Parti communiste tchécoslovaque. Il remporte le premier prix. Grâce à cet honneur, le Parti lui accorde la permission de fréquenter l’école. De 1954 à 1958, il étudie à Prague à la Secondary School of Applied Arts[1]. Puis, Vladimir entreprend une formation d’ingénieur-architecte à la Czech Technical University. Il obtient son diplôme en 1964. Durant sa formation universitaire, il s’initie aussi à la conception scénographique à l’Academy of Performing Arts. Par la suite, l’Institute of Czech Co-operatives l’engage à titre de concepteur architectural et designer industriel de meubles. Il occupera ce poste jusqu’en 1968.

UN NOUVEAU DÉPART EN AMÉRIQUE

Pour mettre fin au Printemps de Prague, en 1968, quelques centaines de milliers de soldats soviétiques envahissent la Tchécoslovaquie. Vladimir, en vacances en Yougoslavie, y voit l’occasion d’une nouvelle destinée. Il fuit en Autriche et obtient un visa à l’ambassade canadienne. Il s’envole pour le Canada la même année pour y rejoindre sa compagne Jana, qui était marionnettiste au pavillon de la Tchécoslovaquie à l’Expo 67.

DE DESIGNER INDUSTRIEL À DESIGNER D’INTÉRIEUR

À l’arrivée de M. Subert au Canada, Ebena Lasalle, fabricant de mobilier pour les laboratoires, retient ses services. L’une de ses tâches consiste à copier les chaises d’autres créateurs. Cette brève expérience se solde par un désintérêt pour le design industriel. En 1969, il rallie les rangs de Colin Rae Associés, une firme spécialisée dans le design d’intérieur de commerces de détail.

« À mes débuts, le design d’intérieur pour les commerces de détail n’existait pas. Il nous a fallu l’inventer », se souvient M. Subert. Il se définit comme un designer architectural et d’intérieur. « Je me suis toujours concentré sur la perspective globale, le concept plutôt que les détails. Ma démarche créative misait sur la clarté, la simplicité et la fonctionnalité », soutient-il.

DÉVELOPPEMENT DE SON EXPERTISE

De 1973 à 1976, Vladimir poursuit sa carrière au sein de Design International (anciennement D.I. Design and Development Consultants), un bureau d’architectes de Toronto qui a acquis Colin Rae Associés. Sa force, l’idéation. Avec l’aide de trois ou quatre designers d’intérieur, il conçoit de nombreux aménagements, rénovations et agrandissements dans des centres commerciaux.

Plusieurs projets valent une mention, dont la Place Québec, le Quartier Cavendish et la « Rue Elle » dans la galerie marchande souterraine de la Place Ville-Marie. Il réalise en équipe une multitude de contrats, par exemple, aux Galeries d’Anjou, au 2020 University (aujourd’hui la galerie marchande souterraine de la Tour Intact), aux Galeries Rive Nord, au Carré Décarie, au Dartmouth Shopping Centre (Nouvelle-Écosse) et à la galerie marchande du Royal Bank Centre (Ottawa), aujourd’hui le Thomas D’Arcy McGee Building.

VOLER DE SES PROPRES AILES

Il démarre son entreprise Vladimir Subert Design en 1976. Durant les 26 années suivantes, il enchaîne les mandats à un rythme effréné. Il élabore, entre autres, des aménagements pour les épiceries Steinberg et les magasins Miracle Mart (une division de Steinberg), le Fountain Head Amusement Centre, le Centre commercial Côte Saint-Luc, Les Jardins Dorval, la RioCan Place Greenfield Park, le Centre commercial St-Martin (Laval), le Méga centre Notre-Dame (Laval), et pour ses deux plus gros clients, Atlantic Shopping Centers (Nouvelle-Écosse), une filiale de Sobeys[2], et Cogem. Avec Cogem, son expertise traverse les frontières et s’étend au Brésil, au Portugal, en Suisse et en Belgique.

Ses clients apprécient particulièrement ses rendus inspirants qui illustrent en un coup d’œil l’essence d’un projet. Au sujet de la couleur, Vladimir confie : « La couleur est le reflet de la fonction. Chaque teinte a un impact psychologique sur les gens. La couleur représente aussi le reflet de la matière elle-même. »

SA VIE CRÉATIVE SE POURSUIT

En 2002, à l’âge de 65 ans, Vladimir Subert prend sa retraite après 50 ans de dur labeur. Il achète un terrain en Estrie et y fait construire une maison à son goût. Là, dans cet espace champêtre et retiré, il peint, skie et profite sereinement de la vie avec Jana.

Vladimir in his workshop in Estrie, 2021

ENGAGÉ DANS LA PROFESSION

1985 – Membre de la Société des décorateurs-ensembliers du Québec (SDEQ)

2002 – Membre à vie de la Société des designers d’intérieur du Québec (SDIQ)

2003 – Membre honoraire de l’Association professionnelle des designers d’intérieur du Québec (APDIQ)

[1] Cet établissement d’enseignement et les deux suivants sont désignés dans le texte avec leur nom contemporain.

Ils portaient jadis un autre nom.

[2] Le nom de plusieurs centres commerciaux a quelque peu changé au fil des années.

Vladimir Subert's self portrait

À propos

L’APDIQ souhaite vous faire connaître ses membres honoraires; ces membres de la première heure qui ont bâti la profession et l’ont fait rayonner bien avant nous. Notre rédactrice Annie Jolicoeur est allée à la rencontre de ces pionniers et nous livre leur histoire passionnante.

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